Fulbert de Chartres

La mère de Lemminkâinen, 1897

Lemminkàisen àiti

Tempera sur toile. H. 0.85 ; L. 1.18 S.d.b.g. sur le crâne : Axel Gallén-Kalela/1897 Ateneumin taidemuseo, Collection Anteîl, Helsinki Inv. n° A I 640. Acquis en 1898

Les questions fondamentales posées par cette œuvre sont celles de la vie et du but suprême, de l'art. Lemminkâinen, héros et poète, a voulu se rendre maître du secret de la mort, en tuant le cygne de Tuonela, le royaume des morts. Mais vaincu, Lemminkâinen gît !à, sur les pierres rougies de sang du Tuonela. Le cygne, symbole du secret éternel de la mort, nage majestueusement sur les eaux sombres de la rivière. Nous savons par les nombreux commentaires qu'il a faites de son œuvre combien Gallen-Kallela la voulait chargée de symboles.

«Il est là, étendu sur ta terre, pâle, verdâtre, au bord de l'eau noire sur laquelle le ygne continue de s'éloigner, le col dédaigneux. Les rayons dorés étincelant au soleil disent l'espoir de la mère qui rntoie une abeille quérir le baume à la source des rayons. Les herbes arrières et mortelles avec les baies noires et leurs fleurs blêmes missent parmi des restes humains ».

Une lettre adressée au poète K.A. Tavaststjerna révèle peut-être encore plus clairement l'attitude du peintre :

« Oserai-je vous dire encore que je suis toujours en train de me battre dans mon Tmomtlf aaec mon cygne rosé ? Si seulement je pouvais voler une seule plume rosé de sa queue ! Je la donnerais à Lemmâitaimem__*.

C'est à cette même époque que Gallen-Kallela exécuta le portrait de sa mère, aujourd'hui au Nationalmuseum de Stockholm. Gallen-Kallela lui avait demandé de servir de modèle à son tableau. Celle-ci qui avait un penchant pour la théosophie était une compagne de travail très intéressante, en particulier lors des incursions mystiques du peintre dans l'imaginaire.

f< Ma propre mère, ma mère sage et intelligente et portée à la contemplation est là, et met, le fruit de ses entrailles je suis en train d'apprendre ce que mes sens avaient déjà découvert».

Afin que le visage de cette mère puisse traduire l'expression véritable de la douleur. Gallen-Kallela racontait à sa propre mère des histoires déprimantes qui la bouleversaient profondément.

Cette œuvre est peut-être le témoignage le plus profond du « mysticisme du Kalevala » dans la production de Gaîlen-Kallela ; il a su unir la mythologie nationale aux plus anciens mythes de l'humanité. C'est ainsi que le Kalevala, épopée nationale finnoise, a acquis dans son art d'irnponanîs fondements ésotériques. La Mère de Lemminkâinen est à l'époque l'unique exemple, dans une seule et unique oeuvre d'art, de l'union du mysticisme universel et du «pathos» national finlandais, aussi bien par son style que par sa signification.

S.S-K.